La légende arthurienne revue et corrigée

Publié le par La Colline

Le collectif Les Possédés s’empare du mythe des Chevaliers de la Table ronde au théâtre de la Colline. En reprenant la pièce monumentale de « Merlin ou la Terre dévastée » de l’Allemand Tankred Dorst, la troupe nous montre le meilleur comme le pire des hommes.

 

Sur scène, pas de décors. C’est pourtant là que va se jouer une épopée à la fois drôle et sombre. Merlin, fils du Diable, est ici plus marionnettiste qu’enchanteur. Il utilise les autres personnages pour défier son père et construire un monde idéal régi par le Bien. Une utopie mise à mal tout au long de la pièce. Durant 3h40, les personnages de cette légende s’aiment, se déchirent et s’entretuent. Le roi Arthur fonde l’ordre des chevaliers de la Table ronde. Il épouse Guenièvre qui aime Lancelot. Perceval se perd dans la quête du Graal. Mordret, fils illégitime d’Arthur, tue sa mère.

Les Possédés prennent à bras-le-corps la pièce de Tankred Dorst montée plus de soixante fois en Allemagne mais peu connue en France. Une œuvre monumentale de 8 heures portée à l’origine par 60 comédiens. Face à une telle démesure, une seule solution : faire des coupes. Exit donc le combat de dragons impossible à monter. Le metteur en scène et interprète de Merlin, Rodolphe Dana, a préféré « recentrer la pièce sur la dimension humaine ».

 

Une énergie débordante

 

L’essentiel est là, mené avec brio par les douze acteurs qui passent de la comédie proche des Monty Python à la tragédie. Tankred Dorst, né en 1925 et enrôlé dans la Wehrmacht à 18 ans, fait en effet référence dans les dialogues, à nos drames contemporains et plus particulièrement aux horreurs de la seconde guerre mondiale. « L’auteur a voulu descendre de son piédestal ces figures mythiques en en faisant des êtres humains pris dans le quotidien de leur histoire » analyse Rodolphe Dana. Le tout est porté par l’énergie débordante des acteurs très impliqués physiquement sur scène. Davantage rompu à Tchekhov ou Lagarce, le collectif a voulu « se mettre en danger, changer de registre pour un théâtre plus physique, se tourner vers une écriture qui ne supporte pas l’immobilité » raconte le metteur en scène. Pari gagné.

En dépit de la nudité du décor, le spectateur est réellement transporté par le jeu des acteurs dans le château de Camelot, sur un mont enneigé lors de la quête du Graal, dans les marais où Lancelot est traqué à la lampe torche. Un univers moyenâgeux que l’on peut s’imaginer au travers d’accessoires inattendus. Une table de cantine pour lit conjugal et des chevaliers en jupes plissées façon Marc Jacobs. Tout est fait pour rappeler au spectateur qu’il assiste à une représentation. Les acteurs restent sur le bord de la scène même quand ils ne jouent pas et avant un combat ils se barbouillent ostensiblement de sang. Autant de détails qui visent à nous montrer les ficelles de la pièce sans toutefois rompre l’illusion. 

 

Léa Baron
étudiante en Master 1 de Journalisme au CELSA

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G
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