Forces

Publié le par Théâtre National de la Colline

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Quel défi lance Bruno Meyssat en faisant découvrir un auteur quasiment inconnu en France, le berlinois August Stramm ? Défi pour la mise en scène, défi pour le spectateur qui une fois entré dans cette maison aux allures de rêve déchiré, n’a d’autre alternative que de se laisser entraîner dans la pièce. Le spectateur aurait dû s’en douter interpellé déjà par le titre Forces 1915-2008, qui représente en lui-même une énigme incontestable.

Cette mise en scène, constituée de deux parties, la première celle du texte Forces nous présentant la déchirure d’un couple et la deuxième telle une course qui fait surgir le monde invisible de la première. Le spectateur se voit heurté au silence, aux rires stridents et aux cris perturbateurs des acteurs qui jaillissent sur scène tel des éclats d’obus venant nous frapper directement au cœur. La violence sonore et visuelle de ce spectacle rappelle sans cesse la cruauté, la folie, les traumatismes de guerre pour évoquer Freud, présent en filigrane dans le texte, le décor ou les accessoires. En effet, Forces, œuvre écrite en 1914 alors que l’auteur se trouvait sur le front russe, regorge d’allusions aux grandes théories psychanalytiques.

Le décor, triptyque organisé d’un inconscient décousu où les personnages circulent cérémonieusement à travers des espaces frontières omniprésents, semble en totale adéquation avec l’écriture onirique de l’auteur.

Alors oublions le temps où le théâtre n’était qu’un passe-temps où le spectateur jouait un rôle passif car cette génération de metteurs en scène tels que Bruno Meyssat est bien décidée à faire travailler nos méninges. Public paresseux s’abstenir !

 

Laurence Perois
participante à l'atelier de critique théâtrale autour de Forces


 

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